Née
dans la Haute-Marne, fille d’un châtelain et de sa servante, Louise
Michel grandit au château de ses grands-parents. Elle y reçoit
une éducation libérale et une bonne instruction dans une
ambiance voltairienne, qui lui permettent d’obtenir son brevet de capacité
: la voilà institutrice. Mais elle refuse de prêter serment
à l’empereur et ouvre alors une école privée en 1853.
En 1855, elle enseigne dans une institution de la rue du Château-d’Eau.
Elle écrit des poèmes, collabore à des journaux d’opposition,
fréquente les réunions publiques. Sa rencontre avec Théophile
Ferré la marque pour la vie.
En
novembre 1870, elle est présidente du Comité de vigilance
républicain du XVIIIe arrondissement. Pendant la Commune,
elle est garde au 61e bataillon, ambulancière, et elle anime le
Club de la révolution, tout en se montrant très préoccupée
de questions d’éducation et de pédagogie.Dans la nuit du
17 au 18 mars, les troupes du général Vinoy reçoivent
l’ordre de reprendre les canons des Parisiens. Mais on avait oublié
les chevaux ; et les ménagères ont eu le temps de donner
l’alerte. Le comité de vigilance du XVIIIe arrondissement, que dirigent
Ferré et Louise Michel, monte à l’assaut de la butte Montmartre.
Et l’on voit alors d’étonnantes manifestations : femmes, enfants,
gardes fédérés entourent les soldats, qui fraternisent
avec la foule joyeuse et pacifique. Cependant, le soir, deux généraux,
le général Lecomte qui le matin avait donné, sans
être obéi, l’ordre de tirer sur les Parisiens, et le général
Clément Thomas, qui avait, en juin 1848, décimé les
insurgés, sont fusillés, rue des Rosiers. C'est la rupture
définitive avec Versailles. Louise Michel comme son ami Ferré
sont de ceux qui pensent qu'il faut en finir maintenant avec le gouvernement
de Versailles, ils veulent poursuivre l'offensive sur Versailles pour arrêter
le gouvernement et Thiers, ils ne sont pas écouter. Thiers
n'a alors que peu de troupe à opposer à la commune, cela
ne durera pas , l'occasion est manquée. Louise Michel fait partie
de la franche des communards la plus révolutionnaire. Volontaire
pour se rendre seule à Versailles afin de tuer Thiers, la presse
bourgeoise la surnomme alors la Louve Rouge. Faite prisonnière lors
de l'écrasement de la commune, elle assiste aux exécutions,
comme femme elle échappe à la peine de mort(1). Elle
est condamnée le 16 décembre 1871 à la déportation
dans une enceinte fortifiée. Ayant vu mourir tout ses amis et surtout
Ferré, elle réclame la mort au
tribunal .C'est sans doute en l’apprenant que Victor Hugo écrit
son poème «Viro Major».
Arrivée
en Nouvelle-Calédonie en 1873, Louise Michel date de cette époque
son adhésion à l’anarchie, fidèle alors a son idéal,
elle doit subir les injustices de ses gardes et de l'administration, elle
s’emploie, malgré cela, à l’instruction des Canaques et les
soutient dans leur révolte contre les colons. Révolte noyée
dans le sang ou plutôt, brûlée dans les cendres puisque
pour en finir avec les insurgés, l'administration de la colonie
fait mettre le feu à la foret ou se cache les insurgés. Après
l’amnistie de 1880, son retour à Paris est triomphal. «Un
visage aux traits masculins, d’une laideur de peuple, creusé à
coups de hache dans le cœur d’un bois plus dur que le granit... telle apparaissait,
au déclin de son âge, celle que les gazettes capitalistes
nommaient la Vierge rouge, la Bonne Louise» (Laurent Tailhade).
Figure
légendaire du mouvement ouvrier, porte-drapeau de l’anarchisme,
elle fait se déplacer les foules. Militante infatigable, ses conférences
en France, en Angleterre, en Belgique et en Hollande se comptent par milliers.
En 1881, elle participe au congrès anarchiste de Londres. À
la suite de la manifestation contre le chômage de Paris (1883), elle
est condamnée à six ans de prison pour pillage, devant le
tribunal, une fois encore louise Michel utilise le banc des accusés
comme une tribune politique. Dans ses prises de paroles elle essaye à
chaque fois de mettre en accusation l'état bourgeois. Elle nous
montre, car c'est encore valable aujourd'hui, qu'il n'y a rien à
attendre de la justice d'un etat bourgeois : c'est une justice de classe,
il faut donc la combattre, sans jamais s'en remettre à elle dans
l'espoir (vain) qu'elle se montre juste. "Mais
pourquoi me défendrais-je? Je vous l'ai déja déclaré,
je me refuse à le faire(...)Je sais bien que tout ce que je pourrai
vous dire ne changera rien a votre sentence". C'est
une lecon de courage que donne Louise Michel à chacune de ses comparutions
devant les tribunaux de la république. Elle n'essaye pas de convaincre
ses juges, c'est inutile ils sont aux ordres, elle les défie.
De
1890 à 1895, Louise Michel est à Londres, où elle
gère une école libertaire. Rentrée en France, elle
reprend ses tournées de propagande. Elle meurt au cours de l’une
d’elles à Marseille. Ses funérailles donnent lieu à
une énorme manifestation, et tous les ans jusqu’en 1916 un cortège
se rendra sur sa tombe. La vie de Louise Michel est une vie de militante,
elle laisse trés peu d'écrits théorique, (beaucoup
de poêmes par contre) mais par contre sa vie est un exemple de lutte
sans compromission avec les règles d'une république bourgeoise.
C'est pour cela qu'il est aujourd'hui important de connaitre et de faire
connaitre la vie de Louise Michel.
(1) de nombreuses femmes ont été fusillées
lors de la semaine sanglante, mais le tribunal militaire qui juge Louise
Michel, décide de lui laissée la vive sauve parcequ'elle
est une femme. C'est du moins ainsi que le président du tribunal
justifie la "clémence" de la cour. Retour
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