DZERJINSKI
FELIX EDMOUNDOVITCH
(1877-1926)
C’est parce qu’en décembre 1917 il s’est vu confier par Lénine
— convaincu de son intégrité, de sa discipline et de sa foi
aveugle dans le parti — une tâche ingrate et lourde de responsabilités
: celle de mettre sur pied et de diriger la Commission extraordinaire panrusse
de lutte contre la contre-révolution (Vetcheka, plus connue sous
le nom de Tcheka), qui devint, en 1922, la police
politique, le Guepeou, que le nom de Dzerjinski est devenu synonyme, dans
la presse occidentale «bourgeoise», du bolchevik assoiffé
de sang.
Militant révolutionnaire issu d’une famille de petits hobereaux
polonais, Felix Edmoundovitch Dzerjinski quitte le lycée en 1895
pour militer à Vilno dans le Parti social-démocrate de Lituanie.
Émigré en 1902, il devient l’un des lieutenants de Rosa Luxemburg
à la tête du Parti social-démocrate polonais qu’il
représente au congrès de Stockholm du P.O.S.D.R. (Parti ouvrier
social-démocrate de Russie), en 1906, où il est élu
au comité central. Ses sympathies envers les bolcheviks datent de
cette époque. Après 1911, lorsque la scission au sein du
parti polonais envenime les rapports entre Rosa Luxemburg et Lénine,
Dzerjinski, divisé entre ses sympathies et sa loyauté, continue
à soutenir Lénine dans les débats à l’intérieur
de la social-démocratie russe et à le combattre aux côtés
de Rosa Luxemburg dans ceux de la social-démocratie polonaise. Révolutionnaire
professionnel, il est arrêté à mainte reprise et passera
onze ans en prison, en exil ou au bagne. Arrêté notamment
le 1er février 1912, il n’est libéré à Moscou
que par la révolution de Février. Il adhère alors
immédiatement au Parti bolchevik et entre en août 1917 au
comité central. Il apporte son soutien total à Lénine
lors de la discussion sur le passage immédiat à l’action.
Délégué au comité militaire révolutionnaire
de Petrograd, il est l’un des artisans de l’insurrection d’Octobre. Pendant
la guerre civile, on fait appel à cet homme énergique pour
dénouer des cas extrêmement difficiles. Il intervient activement
dans les discussions internes au Parti bolchevik. Hostile à la paix
de Brest-Litovsk, il s’élève, en janvier 1918, avec une extrême
violence contre Lénine, allant jusqu’à réclamer sa
destitution. Politiquement proche de Trotski au comité central jusqu’en
1921, il se rapproche de Staline à propos de la question nationale
lors de l’«affaire géorgienne» où Lénine
les rend tous deux responsables de la politique de russification. Il soutient
Staline dans la lutte pour la succession de Lénine.
Responsable de la police politique, il est le rouage essentiel à
la réussite de toutes les purges.Il est indipensable à qui
veut conquérir le pouvoir. Il meurt terrassé par une crise
cardiaque lors d’une réunion particulièrement agitée
du comité central.
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