Raymond Callemin



 
Raymond Callemin dit "Raymond-la-science" est belge. A treize ans, quand il commence à travailler, il a déjà pu se faire une idée de la société bourgeoise et de ses inégalités." Je me suis dit qu'il fallait que je trouve un moyen pour sortir de cette pourriture que sont les patrons, les ouvriers, les bourgeois, les magistrats et les policiers. Tous ces gens me répugnaient. J'ai volé aux étalages." Lorsqu'il est pris, il a dix-sept ans. Condamné à trois mois de prison, il en sort encore un peu plus révolté. Il cherche une place. En vain. Personne ne veut de lui car il n'a pas de certificat. Finalement, on l'embauche comme garçon boulanger à soixante-dix francs par semaine, avec des journées de travail de seize et dix-huit heures, sans repos hebdomadaire. Il aurait bien voulu s'instruire. Mais le temps et l'argent lui manquent. A vingt ans, en 1910, il refuse d'accomplir son service militaire. Comme pour tous les illégalistes, les mots Liberté, Egalité, Fraternité, ne représentent pas grand-chose pour lui. C'est un slogan hypocrite de plus jeté en pâture aux naïfs et aux idiots."On nous dit : vous devez respecter la patrie, mourir pour elle. Mais, pour moi, la patrie c'est toute la terre. La patrie, c'est là où je vis, en Allemagne, en Russie, en France. Elle est partout où je trouve heureux. Si les ouvriers réfléchissaient un peu, il comprendraient qu'entre capitalistes il n'existe pas de frontières. Que ces rapaces s'organisent pour mieux les oppresser", dit-il.
Il prêche aussi la sobriété totale. Plus d'alcool, plus de tabac qui paralysent le cerveau, et détraquent la raison. Sa soif de connaissances est étonnante. Il lit encore et toujours. D'où son surnom de "Raymond-la-science". Sa propreté est méticuleuse. Il vit seul, professant pour les femmes un dédain entier. En réalité il est tendre et sentimental. Il souffre d'une blessure jamais cicatrisée qui date de son séjour à Bruxelles.

 
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